L’Union Européenne est en crise et paradoxalement elle tient bon. Si de nombreux citoyens de l’Union Européenne sont très sévères envers son fonctionnement, ses institutions et ses prérogatives, ils la créditent en même temps d’être la réponse à un grand nombre de difficultés de notre société.
Il en est ainsi des questions de lutte contre le terrorisme, de coordination de nos outils de défense – à défaut d’une défense européenne –, de régulation des migrations… qui ne peuvent être résolues qu’à l’échelle européenne. En dépit de nos divergences, cette nécessité est bien comprise par les peuples européens.
Ceux-ci conservent à l’Union leur confiance dans sa capacité à maintenir la paix, malgré la remontée en puissance de pays obsédés par les rapports de forces, et une stabilité économique notamment grâce à l’euro. Qui ne voit que sans l’euro la France aurait dévalué depuis plusieurs semaines dans la crise de confiance qui la mine ? Même décriée, l’Union Européenne reste, aux yeux de la majorité de nos citoyens, la seule solution raisonnable, même si elle reste sans cesse à réinventer.
Mais nous souhaiterions tant avec tous les collègues et amis de l’Alliance Centriste que l’Europe ne soit pas simplement un choix de raison ou un choix par défaut mais aussi un choix d’envie, de passion ! Notre conviction profonde est que le monde ne tourne plus autour de notre pays et de deux ou trois voisins comme au 19 eme siècle. La France réunit aujourd’hui 1 % de la population mondiale et 2 % de sa richesse économique.
Le temps n’est plus à des affrontements stériles entre fédéralistes et souverainistes. La réalité est que la souveraineté est partagée. Notre pays exerce sa souveraineté en partenariat avec l’Europe et réciproquement. Nous devons être capables de l’expliquer, de le justifier et de le mettre en œuvre à nos concitoyens. Vous avez là l’explication du thème de « L’Europe : grand défi de notre temps ».
Il ne s’agit pas pour nous de préparer les élections européennes toutes proches, mais de nous inscrire dans la durée d’une réflexion de fond, afin de « revoir notre logiciel mental », de définir nos priorités, en tant que Français sur l’Europe que nous souhaitons en prenant aussi en compte ce que les autres pays souhaitent d’où notre regard sur le Brexit ou l’Europe de l’Est à travers la question des Balkans.
Aussi les organisateurs du colloque et moi-même avons donc choisi trois axes de réflexion permettant des regards croisés sur notre Union : le Brexit et ses conséquences, l’Union Européenne vue depuis les Balkans, et la notion d’État de droit – peu souvent questionnée.
Le sujet du Brexit permettra d’expliciter les solutions politiques possibles, ainsi que les conséquences d’un « no deal », côté français – avec les 5 ordonnances prévues pour limiter les conséquences sur notre économie – et côté britannique.
Ne pas nous cantonner à une vision française forcément restrictive de la situation dans laquelle notre pays est imbriqué et assurer la crédibilité de la France sur tous ces sujets, conduisent à l’exercice proposé avec les intervenants de la deuxième table ronde sur l’Union Européenne vue depuis les Balkans. Un nouvel élargissement semble impossible et toutefois nous ne pouvons pas anéantir les espoirs de ces pays, alors que la Russie et la Chine se font de plus en plus pressantes. Entre élargissement et coopération renforcée, comment protéger l’Union Européenne et aider les Balkans à progresser sur le chemin de la démocratie et du développement ?
Cette question de la démocratie nous amène à évoquer le 3ème sujet de ce colloque, à savoir l’État de droit au sein de l’Union Européenne. Cet État de droit répond à des valeurs, à des règles communes, à des traités. C’est la question majeure des démocraties dites « illibérales « , de l’opposition entre « populistes » et « progressistes », termes ô combien sujets à interprétations mais qui touchent bien aux fondements de notre démocratie .
La construction européenne est aussi une bataille culturelle et vous y avez toute votre place au Sénat le 9 février 2019, Salle Médicis, en vous inscrivant sur le site de l’Alliance Centriste.
Philippe Bonnecarrère
Sénateur du Tarn
Vice-Président de la Commission des Affaires Européennes